18 Avril 2025
I. Le rendez-vous manqué : Rome, 1970
C’est au tournant des années 1970, dans le contexte effervescent du dialogue œcuménique post-conciliaire, que se joue un épisode discret mais symboliquement profond. Le patriarche Ignace Jacques III d’Antioche, chef de l’Église syriaque orthodoxe, est invité par le pape Paul VI à visiter Rome. L’événement, marqué par un accueil chaleureux au Vatican, témoigne d’un réel désir de rapprochement entre l’Orient et l’Occident chrétiens.
À cette occasion, le patriarche, homme d’exégèse, de dogmatique et de musique sacrée, découvre l’existence d’une Église indépendante, enracinée dans la tradition apostolique, mais méconnue des sphères officielles : l’Église Catholique Apostolique Primitive d’Antioche, issue de la lignée vilattienne.
Mgr Giovanni Maria Taddei, alors encore vivant, portait cette Église avec foi et humilité. Bien que lui-même en communion personnelle avec Rome, il nourrissait le désir sincère de rencontrer le patriarche Ignace Jacques III, pour évoquer la mémoire commune d’Antioche et la possibilité d’un geste fraternel. Le moment semblait propice à une reconnaissance mutuelle entre deux Églises fidèles au Christ, quoique sur des chemins institutionnellement différents.
Mais cette tentative fut subtilement bloquée. Le cardinal Agostino Bea, jésuite, artisan du dialogue œcuménique romain, dissuada habilement le patriarche syrien de toute rencontre directe avec Mgr Taddei. Sans hostilité apparente, mais mû par la prudence stratégique propre au Vatican, il fit obstacle à cette passerelle historique. Ignace Jacques III, respectueux de son statut d’hôte, renonça à cette rencontre. L’Église vilattienne, pourtant vibrante dans sa fidélité, resta dans les marges de l’histoire visible, sans être entendue ni bénie.
II. Le temps de la réparation : Jacques III aujourd’hui
Ce qui ne fut pas possible alors… l’est devenu aujourd’hui, sous un autre souffle, à travers un autre patriarche, portant lui aussi le nom de Jacques III d’Antioche et de Jérusalem.
Le Patriarcat Œcuménique Orthodoxe d’Antioche et de Jérusalem, bien que de fondation récente, s’inscrit dans la tradition apostolique vivante, en s’ouvrant à une expression occidentale byzantine. Il offre son accompagnement paternel à notre Église, l’Église Catholique Apostolique Primitive d’Antioche, dans un esprit de fraternité respectueuse et sans absorption hiérarchique.
Ce patriarcat a reconnu le caractère apostolique, eucharistique et prophétique de notre Église, petite mais fidèle, et l’a soutenue alors même qu’elle traversait une période critique. En effet, à cause des agissements d’évêques issus de la mouvance borissienne, des divisions et des ambitions personnelles ont failli provoquer la disparition de cette Parvula Ecclesia. Mais le Seigneur, dans Sa miséricorde, a voulu autrement.
III. L’Église Catholique Apostolique Primitive d’Antioche aujourd’hui : une Église restaurée dans l’Esprit
L’Église Catholique Apostolique Primitive d’Antioche est aujourd’hui dirigée par un Collège Synodal stable et fidèle, composé de trois évêques légitimes, porteurs d’une succession apostolique pure, sans reconsécrations douteuses ni croisements de lignées hétérodoxes. Ce collège incarne l’unité, la clarté canonique et la fidélité à l’héritage d’Antioche.
Voici sa composition actuelle :
Mgr Efrem Lima, évêque titulaire de Le Yaudet et Kerneguez, chargé de la fonction de Doyen du collège synodal.
Mgr Jean Elias de la Croix, évêque titulaire d’Antioche du Kuriou.
Mgr Siro Manera, évêque titulaire de Capharnaüm.
Aux côtés de ces trois évêques, œuvre aussi le Frater Prior Gennaro Romano, président du Collège des Probivires, garant moral et spirituel de la fidélité au charisme fondateur.
Ce collège incarne la continuité, la vigilance spirituelle et la volonté de servir l’Église dans la vérité, la sobriété, et la paix.
IV. Une Église petite, mais vivante dans l’Esprit
Notre Parvula Ecclesia est restée debout. Par la grâce de Dieu, elle renaît. Non pas en s’accrochant aux structures visibles, mais en se laissant porter par l’Esprit Saint, fidèle au Christ, nourrie de la tradition antiochienne, éclairée par les Pères, soutenue par des amis spirituels — comme le patriarche Jacques III d’aujourd’hui, qui par son accueil, vient consoler une blessure ancienne.
L’histoire continue. Mais elle est désormais rédemptrice.
Là où Rome, un jour, détourna une main tendue, aujourd’hui une autre main se tend, non pour s’imposer, mais pour marcher ensemble.
Et nous redisons dans la paix :
"Là où deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis au milieu d’eux."
Le collège synodal
† Efrem Lima
Évêque titulaire de Le Yaudet et Kerneguez
Doyen du Collège Synodal de l’ECAPA
† Jean Elias de la Croix
Évêque titulaire d’Antioche du Kuriou
† Siro Manera
Évêque titulaire de Capharnaüm
Frater Gennaro Romano
Prior du Collège des Probivires