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Lettre du P. Noël Tanazacq :
NOTRE DAME DU LABEUR
Christ est ressuscité ! Hristos a inviât !
Mgr Jean de Saint-Denis ayant reçu, vers 1943, la commande d’une icône par les Compagnons de France -descendants lointains des corporations du Moyen-âge- peignit une grande icône de Notre Dame du Labeur, dans le manteau de laquelle sont représentés les principaux métiers des hommes. Marie, en effet, a accompli la plus grande oeuvre humaine, celle d’engendrer, selon la chair, le Fils de Dieu, et elle récapitule tous les labeurs des hommes. Et il composa une très belle litanie à N. D. du labeur, qui pourrait d’ailleurs être continuée, parce que tous les métiers, ou types de métiers n’y sont pas représentés, à condition d’en garder le style et l’esprit (mettre chaque métier en rapport avec sa symbolique spirituelle)* : je crois en avoir écrit quelques-unes. De plus, Mgr Jean ayant constaté qu’en France, le travail n’était fêté que par la « société civile » (les syndicats), sans référence à Dieu, il a aussi voulu rappeler le labeur des anges, qui, comme Dieu, « œuvrent sans cesse », et, ainsi, à travers Marie et les anges, sanctifier le labeur humain.
Il voulait rappeler, notamment, le grand miracle du renouvellement des icônes (et des coupoles d’églises) survenu en Russie, pendant la Révolution bolchévique, puis au début des années 30, avant le grand mouvement de destruction des églises par les Soviétiques (jusque vers 1942), puis en Chine, où le même miracle se produisit dans les églises russes, entre la fin de la guerre et la prise de pouvoir par les communistes (1945-1949)**. Un grand nombre d’icônes et de fresques, noircies par le temps et la fumée des cierges, retrouvèrent instantanément leur éclat et leurs couleurs par le ministère des anges. Il en fut de même pour de nombreuses coupoles d’églises. Le jeune Eugraph Kovalevsky fut témoin d’un de ces miracles à Karkhov en 1919 [il avait 14 ans et ses parents s’étaient réfugiés en Ukraine].
Nous avons célébré plusieurs fois cette liturgie dans notre paroisse. Je vous envoie la photo de l’icône et la litanie. Je vous joins aussi la lecture liturgique de la vie de l’évêque Jean, qui rapporte lui-même le miracle dont il fut témoin, que nous avons élaborée et introduite dans la liturgie de cette fête le 1er mai 1983***.
Il est important de prier actuellement pour ceux qui, par leur travail, nous permettent de continuer à vivre, pour les médecins et tous ceux qui soignent les malades, ainsi que pour les millions de chômeurs victimes de cette épidémie.
Que Dieu bénisse notre labeur et nous accorde qu’il produise des fruits spirituels.
P. Noël TANAZACQ
* On peut aussi la compléter : par ex.,
- après « Mère des médecins et des chirurgiens, », on peut ajouter : « des pharmaciens, des dentistes,…… et de tous les thérapeutes »
- après « Mère des imprimeurs », on peut ajouter : « des bibliothécaires, des documentalistes… et des informaticiens ».
Etc.
** Miracle planétaire, accompli devant des millions de témoins, et dont personne ne parle jamais, ni dans la presse, ni dans les livres d’histoire…
***Dans les rites occidentaux on peut introduire une lecture de la vie d’un saint (synthétisée et dans un style biblique) ou même un extrait de son œuvre, s’il est un Père de l’Eglise, avant la lecture canonique de l’Epître, ce qui n’existe pas en Orient.
Litanie de Notre-Dame du Labeur
Ave, Mère des cultivateurs et des vignerons, de ton sein très pur est sorti la vigne de la Vie éternelle.
Ave, Mère des jardiniers, tes entrailles sont des jardins de délices pour le Nouvel Adam.
Ave, Mère des pêcheurs, tes filets de vertus ont pêché Ichtys1, Dieu plongé dans les eaux de nos misères.
Ave, Mère des forgerons, ayant frappé le fer rouge du feu divin, tu forges des chaînes d’amitié entre Dieu et l’Homme.
Ave, Mère des fondeurs, carillon qui annonce par ton Fils la bonne nouvelle aux pauvres et la paix au monde.
Ave, Mère des mineurs, dans la grotte tu as frappé la terre de ta maternité et, demeurant Vierge, tu as donné naissance au Christ, charbon ardent de l’amour.
Ave, Mère des menuisiers et des charpentiers, tu charpentes le Ciel nouveau où Dieu est avec nous.
Ave, Mère des bouchers, l’Agneau immolé est ton Fils dont le Sang donne la vie aux mortels.
Avec, Mère des maçons, tu as bâti le temple pour la Sagesse prééternelle et Sa gloire y habite.
Ave, Mère des imprimeurs, le Nom qui est au-dessus de tout nom, Jésus, l’Alpha et l’Oméga, Lui la plénitude de l’alphabet, S’est imprimé en toi.
Ave, Mère des verriers, tu as soufflé une coupe de cristal sans défaut, le corps parfait d’un Dieu parfait.
Ave, Mère des orfèvres, de toi se détache une pierre précieuse, joyau inestimable, fondement du monde nouveau.
Ave, Mère des jongleurs, l’enfant d’Elisabeth en te voyant a tressailli dans le sein de sa mère et toutes les créatures sont entrées dans une ronde d’allégresse.
Ave, Mère des alchimistes, de la terre vile, tu as retiré l’or plus vrillant que celui d’Ophir et tu as extrait la Pierre d’angle, couronnement de l’œuvre divine.
Ave, Mère des tailleurs, tu as tissé le beau corps de l’Inaccessible et, voyant sa splendeur, l’humanité se presse de revêtir le Christ.
Ave, Mère des troubadours, la parole exquise bouillonne dans ton cœur et de tes entrailles jaillit le chant nouveau de la Résurrection.
Ave, Mère des médecins et des chirurgiens, tu as engendré le Médecin du monde, Qui, par Sa Croix, nous guérit de la mort.
Ave, Mère des teinturiers, tu as peint en blanc, ô merveille, les habits noirs du péché de l’homme déchu, par l’écarlate du sang de ton Fils.
Ave, Mère des serruriers, tu as ouvert la porte du Paradis avec la clef virginale, demeurant toi-même la porte close et donnant passage au héros de notre salut.
Ave, Mère des épiciers et de tous les commerçants, tu as donné naissance à Celui Qui nous vend gratuitement l’or de l’Evangile et l’argent éprouvé de la Parole pure.
Ave, Mère de tout labeur humain ! En toi, nous reconnaissons la Mère de Dieu et l’œuvre parfaite que, dans l’Esprit Saint, l’homme a forgée, sculptée, cultivée, battue, imprimée, teinte, ciselée, taillée, mesurée, pêchée, fondue, extraite, polie, édifiée et produite, ô Très Pure.
Protège tes enfants, sauve-les, Marie, pleine de Grâce, Notre-Dame du Labeur.
Mgr Jean de Saint-Denis (1905-1970) peignit en 1962 une grande icône de Notre-Damedu labeur pour les compagnons du tour de France et écrivit cette très belle litanie. Puis il sanctifia le 1er mai, en en faisant la fête de ND du labeur et du travail angélique, resituant ainsi tout le travail des hommes dans une perspective spirituelle. Il est bien de se tourner vers ND du labeur et de dire cette litanie lorsqu’on est en recherche d’un travail ou qu’on souffre dans son travail. P. N.T. (8-11-2013)
(1)Ichtys ou ichtus veut dire « poisson » en grec. Ce terme était un symbole chrétien dans l’Antiquité, parce qu’il est l’acronyme de : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur.