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Patriarcat d'Antioche et de Jerusalem

La voie monastique de sœur Barbara

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE VIDAL 
PHOTOS : ÉRIC GARAULT POUR PANORAMA

Bienvenue à Dongelberg, dans la campagne belge wallonne.

Voile au vent, sœur Barbara vous y accueille avec un sourire de taille à percer les pluies du plat pays.

La moniale orthodoxe - musicienne, calligraphe, autrefois travailleuse sociale - y vit avec une petite communauté chrétienne et bouddhiste qui anime un centre de méditation.

On vient ici pour unifier corps, âme et esprit.

Objectif : débroussailler le chemin qui mène au coeur à cœur avec le Christ.

Vous êtes moniale orthodoxe et vivez dans une communauté rattachée au centre de méditation La Maison du chemin des Roches. Ici, certaines suivent à la fois la voie du Bouddha et la voie du Christ, et vous priez dans la même salle de prière. Pourquoi?
En fait, nous sommes des sœurs qui prient côte à côte. C’est beau de sentir la diversité des enfants de Dieu et de pouvoir avoir des langages différents.

Finalement, c’est par le silence, par le cœur qu’on est vraiment réuni et qu'on se comprend. C’est riche d’être un peu bousculé, ça nous permet d’éviter l’entre-soi.

 

Cela a-t-il changé quelque chose dans votre façon de prier ?
Oui. Il y a dans le bouddhisme zen (branche japonaise du bouddhisme, ndlr) une précision dans les gestes et dans le rituel qui m’a beaucoup touchée.

Cela m’a donné envie de mettre plus de soin dans ma façon d’allumer la veilleuse, d’ouvrir la Bible.

J’aime beaucoup aussi les koan, ces questions ou histoires qui n’ont pas vraiment de réponse, comme : « Quel était ton visage avant la naissance de tes parents ? »

Ce qui est intéressant, c’est ce que ça vient creuser en nous. Cela rejoint un peu les grands paradoxes de la tradition chrétienne : Marie, mère et vierge; le Christ, homme et Dieu.

La tête ne comprend pas, mais peut-être qu’on peut se laisser toucher et émerveiller par ces réalités.

L’approche bouddhiste m’aide à approfondir ma foi chrétienne. C’est comme un autre angle de vue, une autre façon de nommer la réalité. Cela m’a fait perdre aussi certaines certitudes.

Par exemple ?
Eh bien, cela m’enlève toute prétention d’avoir la vérité. La vérité, c’est lui, le Christ, et personne ne pourra jamais l’avoir.

On ne peut que le devenir.

La personne différente de moi m’interdit toute illusion de le posséder.

Elle qui a une autre façon de comprendre et de célébrer cette source m’aide à ne pas m’agripper au fait que j’ai raison - ce qui induit que ceux qui ne pensent pas comme moi ont tort - et qu’il n’y a que ce chemin-là qui soit beau, vrai, juste.

 

Mais si le Christ est le chemin, la vérité, la vie, vous n'avez pas envie
d'embarquer vos amis à sa suite?

Il y a quelque chose de généreux à vouloir partager un tel trésor.

Combien de copines et copains j’ai voulu emmener au centre spirituel
Béthanie, en Moselle, quand j’étais adolescente! Je me suis pris les
pieds dans le tapis.

Ce n’était pas le moment, ou pas forcément ce qui leur convenait. Cela m’a aidée à laisser le chemin des autres entre les mains du Seigneur.

L’Esprit Saint est génial, il a une pédagogie sur mesure pour chacun d’entre nous.

Aujourd’hui, il me semble que la meilleure façon de faire découvrir
le Seigneur aux autres, c’est d’en être témoin.

 

Comment êtes-vous arrivée ici ?

Je suis belge et j’ai commencé ma vie monastique il y a vingt ans, dans
la communauté orthodoxe reliée au centre Béthanie.

En 2015, une amie belge, Fabienne, a souhaité créer un centre de méditation ouvert à tous, animé par une communauté de vie dont le dénominateur commun est le silence et l’approfondissement des
deux voies, la voie chrétienne et la voie bouddhiste.

Mon père, prêtre orthodoxe, et le maître zen de Fabienne lui ont dit : « Vas-y, on sent que c’est possible et que tu ne renies ni le Christ ni
ton engagement dans le zen. »

Je suis arrivée ici il y a deux ans.

Notre petit béguinage pluriel invite à une vie spirituelle solidaire et engagée, dans l’esprit de liberté et de simplicité des béguines du
Moyen Âge, des mystiques un peu en marge de l’institution.

Nous cherchons à vivre la communion, l’unité dans la diversité et l’accueil.

Nous recevons des personnes en quête d’un lieu de ressourcement.

Nous partageons un même idéal : cultiver et approfondir notre être profond dans la simplicité, l’ouverture et le respect du vivant.

Nous essayons de devenir des artisans de paix et de transition écologique.

Nous cultivons ainsi un grand potager en permaculture.

 

Vous vivez aussi avec Asnia et sa tribu...
Oui. Nous accueillons une maman originaire du Cachemire (Pakistan) et ses trois enfants, qui attendent leur régularisation.

Il y a un réseau de solidarité extraordinaire autour d’eux.

Nous les accompagnons entre autres dans leurs démarches administratives, médicales, scolaires.

Elle est musulmane. Elle prie parfois avec nous, quand c’est en silence.

 

Dans quel genre de famille êtes-vous née ?
J’ai eu une enfance joyeuse, à Boitsfort, un quartier très vert de Bruxelles.

J’ai une sœur, mon aînée de trois ans. Ma mère était disponible, mon père voyageait beaucoup.

Il a créé une organisation non gouvernementale, Réseau
Sud Nord.

Après avoir travaillé dans la coopération, il portait dessus un regard critique, conscient que c’est peut-être nous, Occidentaux, qui avons besoin d’être enseignes par les personnes restées proches des traditions.

A la maison, il y avait beaucoup de passage : des Brésiliens, des Indonésiens, des Rwandais...

Mon père leur demandait de bénir le repas dans leur tradition.

Pour moi, c’était extraordinaire. Je me souviens du rituel d’un Philippin : avec des bougies sur ses mains, il faisait une danse.

 

Vos parents étaient-ils croyants?
Ils venaient de familles bourgeoises.

J’ai été baptisée catholique, je suis allée chez les guides, à l’école catholique.

Mes parents ne trouvaient plus ce qui leur convenait dans l’Eglise de l’époque, et ils étaient en recherche.

Mon père s’intéressait beaucoup aux philosophies de l’Orient, le taoïsme, le bouddhisme, l’hindouisme.

Puis ils ont rencontré le père Alphonse Goettmann et Rachel, son épouse, orthodoxes, les fondateurs du centre de rencontres spirituelles et de méditation Béthanie.

Mes parents se sont rendu compte qu’au fond, dans notre tradition chrétienne, il y a tout ce qu’ils cherchaient dans le yoga, dans l’hindouisme... : cette anthropologie corps/âme/ esprit, ce mysticisme qui transcende toute forme de morale, cette beauté des rites.

Mon père a commencé à aller à Béthanie, à s’intéresser de plus en plus à l’orthodoxie. J’avais entre 7 et 9 ans.

 

Votre mère a-t-elle suivi?
Quand elle a vu la joie profonde de mon père, elle a été curieuse.

Elle aussi a vraiment vécu un retournement. A des moments différents, ils ont décidé d’entrer dans l’Eglise orthodoxe.

Pas comme un changement ou une conversion, mais plus comme l’approfondissement de cette tradition d’une Église indivise, celle qui a prévalu jusqu’en 1054, avant la scission entre catholiques et orthodoxes.

Quand j’avais environ 12 ans, mes parents ont rejoint une petite paroisse orthodoxe près de Bruxelles.

Par la suite, mon père est devenu prêtre.

J’allais à la liturgie mais je me sentais aussi tout à fait à la maison chez les catholiques, et c’est pareil encore aujourd’hui.

Il existe différentes formes d’expressions, de célébrations, et la mienne, c’est l’orthodoxie, qui rejoint mon besoin de beauté.

Je suis devenue orthodoxe à l’âge de 18 ans.

Toute mon adolescence, je continuais à aller à la liturgie, même quand j’avais fait la bringue la veille.

Je sentais que cela mettait mon être profond dans une dimension essentielle.

La fine pointe de l’âme est nourrie par la liturgie, par le silence ou par l’eucharistie.

Il était impératif de nourrir ce lieu stable en moi, qui n’est pas altéré par les événements extérieurs.

Je peux aller à la liturgie avec un cœur tout serré, quand j’en sors, je suis autre. J’ai à nouveau envie d’aimer.

 

Après vos études, vous avez travaillé dans le social...
Oui, pendant trois ans, sur des projets de cohésion sociale dans une association sans but lucratif.

C’était passionnant mais je m’essoufflais.

J’avais idéalisé la pauvreté. Je me suis pris une claque.

Un jour, je suis partie en pèlerinage en Egypte, au Mokattam, où j’ai rencontré des collaborateurs de sœur Emmanuelle. Le travail social y marchait du feu de Dieu.

J’ai demandé : « C’est quoi, votre secret ?» Un jeune travailleur social m’a répondu : « Nous, on apporte la joie du Christ ressuscité, le reste vient de surcroît. »

C’est comme si, dans mon cœur, un frein était tombé.

Je me suis dit : « Je vais arrêter de penser et vouloir ce qui est bien pour les autres. Je vais d’abord demander au Seigneur quelle est sa volonté, être à son écoute, et me mettre à celle des autres. »

Durant toute mon adolescence, je voulais changer le monde.

En Egypte, en voyant les moines coptes du désert de Scété, j’ai compris que je n’allais rien changer si je ne changeais pas d’abord mon cœur.

Ce que je voyais dans leurs yeux, c’était ça qui attirait la lumière.

Je me suis dit : « Si des êtres deviennent tellement beaux en regardant le Christ, c’est que le Christ doit être le plus beau des beaux. »

J’ai alors décidé de prendre une année sabbatique pour expérimenter la vie monastique.

 

Vous y aviez déjà pensé auparavant ?
J’ai toujours eu soif d’absolu. Un livre, découvert quand j’étais enfant, est peut-être à l’origine de ma vocation.

C’est Frédéric, édité à L’école des loisirs, l’histoire de cinq petits mulots.

Quatre d’entre eux triment pour récolter le maïs, pendant que Frédéric reste devant le coucher du soleil. Il contemple.

Les autres sont fâchés : « Frédéric, tu ne fais rien! »

Puis, vient l’hiver. Ils mangent toutes les récoltes et se tournent vers Frédéric : « Et toi, est-ce que tu as quelque chose à partager avec nous ? »

Frédéric commence à raconter toutes les couleurs du ciel couchant. Ce livre m’a beaucoup marquée. Comme une invitation : « On peut vraiment être nourri aussi de beauté. »

Vous êtes donc entrée à Béthanie ?

Oui. J’avais 26 ans. Je me souviens avoir écrit à l’époque dans mes courriers : « Au fond, je fais ici tout ce que j’aime faire en vacances : je chante, je jardine, je fais des confitures, je médite. C’est la belle vie. »

Cette année sabbatique s’est finalement prolongée en vie sabbatique parce que je me rendais compte que je touchais à une joie que le monde ne pouvait pas m’offrir et que rien ni personne ne pourrait m’enlever.

Un an et demi plus tard, j’ai pris le voile.

J’étais dans l’obéissance, dans la découverte de ce nouveau chemin, qui est tellement radicalement différent de ce qu’on nous apprend dans le monde ! J’étais comblée.

 

Cela fait une vingtaine d'années. Cette joie a-t-elle perduré?
Je n’ai jamais remis en cause la voie monastique, ni regretté quoi que ce soit. J’ai connu des bouleversements, oui.

Parce que, les premières années, j’ai vécu la grâce de sentir la proximité du Seigneur, d’être dans cette intimité.

Et puis cette grâce, peu à peu, s’est éloignée de moi. Est-ce ma responsabilité ? Sans doute.

C’est aussi peut-être la pédagogie divine de nous faire expérimenter ces moments d’absence de Dieu.

C’est très riche, parce que c’est comme une nostalgie qui nous met en mouvement. On est comme le chien qui piste la trace du gibier. Donc, oui, c’est sûr qu’il y a eu des années et des périodes plus rudes, où ça ne coulait pas de source.

Avez-vous retrouvé cette intimité avec Dieu?
Non. Pourtant, je crois que, quand on arrête de chercher, on crée l’espace possible pour le changement.

Donc j’ai conscience que ce que je vis maintenant, c’est cela qui m’est donné.

Le Seigneur est partout présent et aussi là, dans la sensation d’absence.

Mais j’ai quand même cette espérance. Une promesse. C’est beau, cette notion du vide qui appelle à être rempli.

Le Christ a dit à sainte Catherine de Sienne : « Fais- toi capacité et je me ferai torrent. »

Par rapport à mes premières années monastiques, peut-être que j’expérimente un peu plus ce vide, ma pauvreté.

Mais la joie profonde, elle, ne m’a jamais quittée.

Parce que je crois que le Christ est là. J’ai la foi. Cette joie n’est dépendante ni de mes états d’âme, ni de la façon dont je vis ma relation au Seigneur.

 

La plupart des retraites que propose votre centre ont un lien avec le corps. Pourquoi?
On n’accède pas à Dieu avec la tête. Le corps est le temple de l’esprit, comme le dit saint Paul. Dieu s’expérimente.

Il s’est incarné, il a pris corps pour venir à notre rencontre; et nous, c’est par notre corps que nous pouvons aller à sa rencontre.

Nous proposons différentes pratiques corporelles pour chercher la tension juste et vivre, dans le corps, le fait que la volonté de Dieu soit faite.

On utilise trop de muscles volontaires, alors qu’en fait, une force nous est donnée justement quand on n’utilise plus notre volonté.

Dans le lâcher-prise, la conscience du souffle.

La vie va là où il y a du passage, où c’est détendu. Nos lieux de crispations sont invités à s’ouvrir.

C’est par ce travail qu’on peut expérimenter ce cœur à cœur avec le Seigneur.

 

Dans la tradition catholique, on a sans doute perdu cette attention...
Oui. La théologie est devenue très rationnelle, très cérébrale, plus qu’expérimentale.

Saint Paul évoque une personne humaine en trois pôles : corps, âme, esprit.

Or, on nourrit beaucoup trop le corps et l’âme, et pas assez l’esprit. L’esprit se nourrit de silence.

 

Quelle différence faites-vous entre l’esprit et l’âme?
Certains théologiens utilisent le même mot. Mais, pour saint Paul, l’esprit est la fine pointe de l’âme. C’est cette part en nous qui communique avec l’Esprit Saint.

L’âme est nourrie par les émotions, les pensées, l’imagination, les œuvres d’art, les relations.

Si l’on représentait l’âme par les vagues superficielles de la mer, on représenterait l’esprit par les profondeurs.

Ce lieu de stabilité, de paix profonde, de grand silence, de repos, de lumière qui est en nous et qui ne meurt pas.

Dans la petite enfance, tout le monde en fait l’expérience; mais avec le temps, cela s’est voilé.

Notre travail, c’est d’enlever ces couches.

 

Pourquoi l'unification corps/âme/esprit est-elle si importante?
Si l’on est coupé de son corps, on est déséquilibré, dans l’illusion.

La matière et la lumière sont une, et pour que la lumière s’incarne, elle a besoin du corps.

Si l’on n’est que dans le corps, on risque de tomber dans l’idolâtrie du corps.

On est alors à côté de la plaque car ce corps va retourner à la terre.

Notre identité est bien au-delà. Le petit enfant qui ne comprend pas encore rationnellement, l’adulte au summum de ses capacités psychosomatiques ou le vieillard qui peine dans son corps, c’est la même personne.

S’il y a une identification au seul corps, alors, quand survient la maladie, le handicap ou la vieillesse, c’est la grande déprime.

Si l’on nourrit beaucoup l’âme et le corps mais qu’on oublie l’esprit, là aussi, on est amputé. Sans ressourcement dans la nature, dans le silence, dans la prière, il manque la dimension verticale. En tout cas, pour moi.

 

Votre père est mort en 2013 de la maladie de Charcot. Comment l’avez-vous accompagné ?
Sa maladie a été diagnostiquée en 2011. Je vivais à Béthanie et j’accompagnais déjà Rachel, ma mère spirituelle, qui était très malade.

Je venais assez régulièrement en Belgique, mais pas tant que ça.

Cela me crucifiait de ne pas être présente auprès de lui.

Il me rassurait : « Tu es à ta juste place. Tu pries pour moi et c’est cela dont j’ai besoin. »

J’ai ainsi expérimente à quel point on peut accompagner à distance. En fait, je ne sais pas qui a accompagné qui. C’était un accompagnement mutuel.

 

Comment votre père a-t-il vécu sa maladie ?
Après être passé par différentes étapes — déni, envie de guérir, quête des mille et une thérapies alternatives, colère, etc - il a conclu : « Il n’y a que le Christ qui est mon médecin intérieur. Je vais arrêter de chercher à l’extérieur. »

Il a commencé un chemin de retournement. Je peux vraiment témoigner qu’il est mort guéri.

Pas sur le plan physique, mais sur plein d’autres plans.

C’était un hyperintello, parfois un peu distant. Il est devenu, sûrement grâce à son chemin de prêtrise, mais en accéléré avec la maladie, capable de magnifier toutes les petites choses du quotidien.

Lui qui a voyagé partout dans le monde, installé sur la terrasse, il s’extasiait devant une pâquerette.

Il a retourné son regard, son cœur.

À la fin de sa maladie, il avait des difficultés à parler, et n’avait plus que les mots « pardon », « je t’aime », « merci ».

Il était uniquement dans la relation. C’est pour ça que, quand on me dit : « Je suis trop vieux pour changer », je n’y crois pas une seconde ! J’ai vu tant de transformations au soir de la vie.

Mon père a coécrit un très beau livre sur son chemin (Quand je suis faible, je suis fort, Thierry Verhelst et Anne Ducrocq, Éd. Bayard).

 

Dans la contemplation de la pâquerette, il y avait de la relation?
Oui, je pense. Le théologien orthodoxe Grégoire Palamas parle des énergies divines qui se manifestent dans le brin d’herbe, dans l’oiseau.

On ne va pas dire, comme les chamans, que la pâquerette est Dieu, mais on va considérer qu’en cette fleur, il y a la présence de Dieu.

C’est peut-être l’expérience de mon père, ou celle de Van Gogh quand il dessinait une vieille chaise.

Il l’avait tellement regardée qu’à travers la matière, il transmettait de la lumière.

Ce n’était plus une vieille chaise. Je pense que c’est ça, la transformation du cœur de mon père.

Quand tu sais que tu vas mourir, il n’y a plus qu’une chose à faire : aimer.

 

Qu'est-ce que cet accompagnement vous a appris?
Je ne vais pas dire que je n’ai plus peur de souffrir ou de mourir, parce que je serais dans l’illusion, mais j’ai acquis une grande confiance dans le processus de la vie, dans le chemin très mystérieux qu’il nous est donné d’emprunter, y compris dans la souffrance et la douleur.

Dieu n’envoie pas la souffrance, mais il nous accompagne. Parfois, les grandes vulnérabilités nous ouvrent à sa rencontre.

 

Qui est Jésus pour vous?
C’est tout. C’est ma vie. Je ne sais pas qui est le Christ pour moi mais la seule chose que je sais, c’est que sans lui, je suis foutue.

 

Il est où, là, en ce moment?
Il est là, en vous, dans votre regard, en moi, autour, alentour, en dessous, au-dessus, partout présent.

J’aime beaucoup aussi la personne de l’Esprit Saint, qui m’évoque un autre thème essentiel pour moi : la liberté.

« Là où est l’Esprit, là est la liberté », dit encore saint Paul. Le Seigneur nous invite à cette liberté.

Combien de fois il dit : « Ne vous inquiétez de rien ! »

Être libres des projections dans le futur, des regards des autres, des rôles, de toutes les inquiétudes qui encombrent notre cœur.

 

En choisissant cette vie, vous êtes-vous libérée?
Oui ! La voie monastique est une voie royale de liberté.

Paradoxalement, elle passe par l’obéissance, mais c’est aussi pour être libre de sa volonté propre.

Se sentir libérée, je n’y suis pas encore.

C’est l’histoire d’une vie, voire plus... 

 

BIO EXPRESS
1976
Naissance à Bruxelles (Belgique).
1995
Études de sociologie et d'anthropologie.
1999
Travailleuse sociale.
2002
Entrée dans la vie monastique orthodoxe, au centre spirituel de Béthanie (à Gorze en Moselle).
2020
Entrée au béguinage de La Maison du chemin des Roches (à Jodoigne, en Belgique).
Professeur de religion, citoyenneté et philosophie en collège.
Animatrice de stages (méditation, prière, chant, danse, calligraphie).

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