2 Décembre 2022
Saint Matthias tient une hache dans sa main droite, instrument de son martyre par décollation.
Saint Matthias apôtre, protecteur des ingénieurs et des bouchers, fut le seul à ne pas être choisi par Jésus, mais par les apôtres. Apprenons à mieux le connaître.
Le 14 mai on fête Saint Matthias, le douzième apôtre. Un apôtre atypique, puisqu’il fut le seul à ne pas être choisi par Jésus, mais par les autres apôtres après la mort de ce dernier. En effet, la trahison et le suicide tragique de Judas Iscariote avaient laissé une place vacante parmi les apôtres, qui devaient absolument être douze, afin de symboliser les douze tribus d’Israël.
Ainsi, dans les jours qui suivirent l’Ascension, les apôtres et les disciples de Jésus se réunirent afin d’élire le nouvel apôtre. Saint Matthias fut choisi parmi cent-vingt grands fidèles de Jésus, avec un autre homme, Joseph, appelé Barsabas, et fut ensuite tiré au sort comme nouvel apôtre. Cette histoire est racontée dans le livre des Actes des Apôtres 1,21-22.
Avant cela, il était un disciple de Jésus, qui le suivait partout et il était déjà à ses côtés quand il fut baptisé par Jean le Baptiste et ne le quitta jamais.
D’ailleurs, Matthias semblait depuis toujours destiné à rester à côté du fils de Dieu puisque son nom dérive en effet de Matthias (en hébreu : mattithyahû) , qui signifie « Don de Dieu ».
Paradoxalement, on ne sait quasi rien sur l’apôtre Matthias avant sa nomination. Peu de temps après avoir été tiré au sort, il serait parti, comme les autres apôtres qui n’étaient plus les bienvenus à Jérusalem, pour aller prêcher la Parole de Jésus. Des sources vagues et contradictoires le décrivent en voyage dans les terres de l’Éthiopie, jusqu’aux territoires peuplés par les cannibales.
Sa mort advint à Sébastopol, où il fut enterré dans le temple du Soleil ou, selon d’autres récits, il subit le martyr à Jérusalem, où il fut lapidé et ensuite décapité avec une hallebarde. Ce détail justifierait le fait que le Saint soit souvent représenté avec cette arme en main. Mais il n’y a pas d’informations certaines.
Ce qui est certain, par contre, c’est que Saint Matthias était présent à la Pentecôte, la descente du Saint Esprit sur les Apôtres. Il s’agit d’un des moments les plus hauts de l’histoire de l’Église, voire, dans un sens, son véritable début. En effet, ce fut grâce à l’effusion du Saint Esprit, envoyé par Jésus à ses disciples sous forme de langues de feu, qu’ils commencèrent à voyager et prêcher l’Évangile.
La Pentecôte juive tombait le cinquantième jour à partir du jour après le samedi de Pâques. Il s’agissait d’une fête sacrée, mais aussi agricole, connue comme fête des moissons et des prémices. Elle prévoyait un pèlerinage à Jérusalem et l’offrande sacrificielle de pain levé aux prêtres du Temples.
Dans les Actes de Apôtres (Actes 2,1-11), on lit que le jour de la fête de Pentecôte, tous les disciples de Jésus s’étaient réunis à Jérusalem, tous au même endroit. « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d’un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et se mirent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (Actes 2,1-4).
Une grande foule fut attirée par ce vacarme et accourut sur le lieu où les disciples étaient réunis. En les entendant parler dans tant de langues différentes, ils en furent très surpris. Saint Pierre et les Apôtres s’avancèrent, en rappelant à tout le monde les anciennes prophéties, et dirent que cet événement miraculeux était l’œuvre de Jésus, « Seigneur et Messie » envoyé par Dieu et ressuscité du royaume des morts. Beaucoup de personnes se convertirent à l’instant et demandèrent à être baptisées, comme les exhortait à faire Pierre : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera » (Actes 2, 38-39).
Ainsi les apôtres, et Saint Matthias parmi eux, commencèrent à prêcher l’Évangile. Beaucoup de personnes se réunirent afin de les écouter et d’apprendre d’eux comment s’adresser à Dieu et le miracle du partage du pain et de la prière. Ainsi naquit le premier noyau de l’église chrétienne.
Comme pour beaucoup d’autres Saints, les reliques de Saint Matthias sont conservées dans différentes églises et villes. Une partie est à Trèves, ville allemande dont il est le Saint Patron, et où s’érige une basilique dédiée à son culte. Dans la basilique de Sainte Justine de Padoue il y a également certaines reliques de Saint Matthias, contenues dans une arche en marbre dans le transept. Dans la même Basilique sont également conservées les reliques de Saint Luc Évangéliste. D’autres reliques du Saint seraient conservées à Rome dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure, où elles auraient été amenées par Saint Hélène, mère de l’empereur Constantin, mais il y a le doute qu’il puisse s’agir de celles de Saint Matthias évêque de Jérusalem.
À Saint Matthias a également été attribué un évangile apocryphe.
Donc, même s’il a été tiré au sort après la mort de Jésus, nous ne pouvons certainement pas considérer Saint Matthias comme un apôtre moins important que les autres. Sa participation à la vie du Seigneur, sa présence constante à ses côtés, font de sa « promotion » au rang d’Apôtre une simple confirmation d’une vie dédiée à la foi. En outre, il a été investi en personne par le feu du Saint Esprit pendant la fête de la Pentecôte. Il est également probable qu’il était un des septante-deux disciples envoyés par Jésus « comme des brebis au milieu des loups » (Matthieu 10,16) pour qu’ils préparent son arrivée dans les villages et dans les terres vers lesquelles il se dirigeait.
Mais comment se place sa figure par rapport à Judas Iscariote ?
Judas ne jouissait pas d’une grande popularité déjà avant sa trahison. En réalité, en lisant les Évangiles, nous trouvons souvent des jugements plutôt négatifs à son sujet, voire des accusations d’être cupide, peu honnête dans son rôle de trésorier des apôtres, et carrément un voleur. Il est difficile de comprendre combien de cette vision négative de Judas Iscariote soit à attribuer à ce qu’il a fait, à son rôle dans l’arrestation, dans la Passion et dans la mort de Jésus. S’il était vraiment si antipathique et misérable, pourquoi le Sauveur l’aurait voulu à ses côtés ? Peut-être Jésus savait, dans son infinie sagesse, qu’il fallait précisément un homme comme Judas pour que tout s’accomplisse.
Reste le fait que Judas ne survit pas son Maître. Après l’avoir fait arrêté, il regretta tout de suite son acte et, rongé par la culpabilité, se pendit.
Le fait que Saint Matthias ait pris sa place a guéri d’une certaine manière la plaie ouverte, en rendant son intégrité au collège de Apôtres et en leur préparant le terrain pour le destin qui les attendait.