17 Mars 2024
J'appris qu'Elie Wiesel participait à un cycle de conférences à Paris. J'avais déjà lu la plupart de ses livres et j'y avais trouvé un accent si poignant ! J'étais heureuse d'avoir l'occasion de le rencontrer.
La grande salle du Centre Rachi était pleine. Les marches, même étaient occupées.
Il nous fit la lecture, pour commencer, d'un texte assez court que je retranscris de mémoire :
Jésus revient et va visiter les petites villes de Pologne après la guerre. Il se dirige vers le quartier juif. Etonné de ne plus y trouver de synagogues, il interroge les passants.
— Où sont les synagogues, tous les petits shtiebels qu'il y avait là ?
— Ils n'existent plus, lui fut-il répondu.
— Et tous les Juifs ? Tous mes frères juifs ?
— Disparus, eux aussi.
Ce n'est pas possible ! Ils doivent être dans les maisons d'études. Où sont-elles ?
Disparues, détruites. Les synagogues, les maisons d'études, les Juifs...
Jésus les regarde, incrédule :
Mais... que leur est-il arrivé ? Que leur avez-vous fait ? Qu'avez-vous fait d'eux ?
Les autres se taisent... Jésus finit par comprendre l' incompréhensible...
Est-ce cela que je vous ai enseigné ? Oh ! Mon peuple, pardon !
Il tombe à genoux et pleure.
Les autres le regardent, s'approchent, l'observent, l' entourent.
Mais, c'est un Juif ! Comment a-t-il pu nous échapper ?
Ils se précipitèrent alors sur lui. Et ils tuèrent leur dieu, pour vouloir tuer le Juif qu'il y avait en lui.
Judith Maarek
L'âme-Son