Ad Multos Annos a Léon XIV

Nous souhaitons au Pape Leon XIV

la pleine réussite de son ministère,

lui qui a été choisi par Dieu et par ses frères cardinaux.

Que notre Dieu lui donne la Sagesse et l'Amour

pour que sa mission se fasse dans la Paix.

+++ Jacques III, Patriarche d'Antioche et de Jérusalem

« Quand tous parlent, que dit l'Esprit ? »
Réflexion à l'heure d'une élection papale

L’élection d’un Pape n’est jamais un événement neutre. Elle secoue les colonnes de l’Église visible et déclenche aussitôt une marée de commentaires, de prophéties improvisées, d’éloges précipités ou de jugements masqués. Les claviers se déchaînent plus vite que les encensoirs, les proclamations individuelles rivalisent avec les décrets conciliaires, et chacun se découvre soudain docteur, prophète ou père spirituel.

Les réseaux se remplissent d’écrits. Certains sont sincères. D'autres bien informés. Quelques-uns touchent à l'essentiel. Mais la majorité flotte dans une atmosphère de paraître, de récupération, voire de flatterie creuse. Les évêques auto-proclamés, souvent ignorés en temps ordinaire, y voient une scène parfaite pour renaître quelques heures, publiant des messages ampoulés, des appels à l’unité vidés de substance, ou des hommages si bien ciselés qu’ils sonnent faux.

Et pourtant… l’Église n’est pas un théâtre.
Elle est une matrice de silence, de Passion, de Résurrection.

À ceux qui vivent une foi enracinée, il ne s’agit pas de commenter l’événement avant d’avoir pleuré, prié, ou discerné. Ce n’est pas l’heure d’étaler nos certitudes : c’est l’heure de se taire devant le Mystère.

Car le vrai chrétien ne prend pas la parole avant de l’avoir reçue. Il ne s’incline pas devant l’autorité d’un homme pour des raisons mondaines, ni ne la rejette par amertume. Il se place devant l’œuvre de Dieu avec crainte et tremblement, et attend que le Saint Esprit parle.

Si le nouveau Pontife est là par la volonté divine, il portera la Croix. Il sera pécheur comme nous, fragile comme Pierre, mais il peut aussi devenir roc. Mais ce n’est pas aux réseaux de trancher cela : c’est au temps, à l’Esprit, et à la grâce.

Et nous ? Notre place est peut-être de prier pour que ce pasteur soit guidé, non par les applaudissements du monde ou les calculs d'appareils ecclésiaux, mais par le cri des pauvres, le sang des martyrs, la soif de l’Évangile.