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Patriarcat d'Antioche et de Jerusalem

Déserts intérieurs

Déserts intérieurs

Cette approche peut  aider quelques personnes.

 

Si le désert extérieur est facile à observer,
nos propres déserts intérieurs

le sont beaucoup moins. Ils sont faits de plis et de replis, de montagnes et d’abîmes, d’angoisses et d’espérances. Et comme toujours dans cette chronique, le recours à la Bible est pour nous une luciole pour éclairer nos obscurités.

Comme le disait le prêtre orthodoxe russe Alexandre Men, nous avons encore une lecture paléolithique de la Bible et notamment des Évangiles.

Le mot d’évangélisation dérivé lui-même d’évangile est, convenons-le, patiné voire usé par l’histoire et de l’usage qui en a été fait par les missionnaires chrétiens qui ont suivi la foulée de l’expansion coloniale.

Le sens est à la fois plus profond

voire même vital pour chacun d’entre nous. Annoncer la bonne nouvelle de la Résurrection du Christ n’est pas un discours incantatoire mais une annonce que tout est possible et que l’on peut guérir de tout à condition de le vouloir.

Sur ce point, il est fort probable que nous n’aurons jamais vraiment fini la méditation du passage de l’évangile de Jean sur la guérison du paralysé de la piscine de Bethesda, elle-même entourée de cinq portiques.

Cette symbolique du cinq a des sens multiples, allant des portes par où passe le vent de l’esprit à la complétude de l’homme vivant et accompli, s’ouvrant dans les quatre directions de l’espace plus une cinquième qui le relie à l’au-delà de lui-même, l’infini ou le divin.

C’est ce que suggère la calligraphie ci-dessus où s’entremêlent les bâtons du grabat et les filets de lumière qui nous soutiennent tous et toutes.

Le paralysé de la piscine

Le texte de l’Évangile nous parle d’un homme paralysé sur son brancard depuis de nombreuses années. Il ne peut bouger quand un ange descend et agite les eaux de la piscine pour repartir presque aussitôt.

Entre-temps, des personnes se sont jetées dans la piscine aux vertus guérisseuses et ont été effectivement guéries.

Le Christ, qui est de passage, le voit et lui pose une simple question : « Veux-tu guérir ? » Le paralysé lui répond qu’il le voudrait bien mais qu’il ne peut pas se lever avant les autres.

Le Christ le regardant à nouveau lui répond simplement de prendre son grabat et de marcher ce qu’il fait immédiatement.

Il a enfin accepté l’idée de prendre son problème à bras le corps. Tout est passé par un simple regard, transperçant et lumineux.

L’ange qui agite les flots

Cet ange représente une chance de guérir qui nous est offerte un court instant mais que nous peinons à saisir ou même ne saisissons pas du tout.

Pourquoi cette paralysie intérieure ? Pourquoi ces obstacles, aux noms innombrables, qui viennent de nous car ils sont incrustés dans nos entrailles physiologiques et psychologiques comme des chaînes intérieures ?

C’est là que notre contemporaine Simone Pacot a joué un rôle capital dans sa relecture et la somatisation des Évangiles comme source de guérison des prisons dans lesquelles nous nous sommes nous-mêmes enfermés.

Simone Pacot (1924-2017) et l’évangélisation des profondeurs

Pour cette spirituelle,

il ne suffit pas de naître mais surtout de renaître à l’essentiel pour choisir vraiment la vie. Il nous est donné, dès nôtre émergence dans ce monde, le choix ou le non choix de la vie, d’accepter ou non notre humanité et notre identité ou de notre unicité en tant que personne.

Toute la Bible est imprégnée de ce message divin, des prophètes d’Israël aux Évangiles. Il est écrit, dans l’un de ses versets prophétiques : « Vois, j’ai ton nom écrit sur la paume de mes mains ».

Nous sommes tous et toutes totalement uniques ou porteurs du pire et du meilleur. Chacun est inscrit dans son propre chemin de divinisation.

L’originalité de Simone Pacot

est de nous rappeler dans ses différents ouvrages (ou expériences) que la lecture morale ou littérale de la Bible est en soi mortifère car la lettre tue mais l’esprit vivifie.

Il nous est demandé de choisir la vie et surtout pas la mort et tout ce qui en dérive, entre autres les divers conditionnements qui ne cessent de nous formater.

Évangéliser ses profondeurs

c’est prendre acte de nos limites ou de nos poids, comme le paralysé de Bethesda, de sortir de nos déserts qui risquent de nous engloutir.

Au lieu de rester couché dans ce que nous croyons être nos malheurs, il nous est laissé la totale liberté de nous lever en les prenant avec soi comme le grabat du paralysé ou de mourir sous le charnier de nos blessures. 

Si nous décidons enfin de nous lever ou plutôt de nous réveiller, nous revient alors d’annoncer la bonne nouvelle de notre propre résurrection.

Qui sait, cette prise de conscience collective pourrait nous faire franchir la porte des mystères c’est-à-dire d’entrer vivants dans la lumière de nos jours, au cœur des mystères de l’être humain et peut-être à l’aube du temps des mystiques ?

Gérard-Emmanuel Fomeran

 

L'évangélisation de nos profondeurs

Nos propres déserts intérieurs ne sont pas faciles à observer. Le recours à la Bible est pour nous une luciole pour éclairer nos obscurités.

https://revue-reflets.org/levangelisation-de-nos-profondeurs/

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