26 Décembre 2023
Aucune n'est indépendante, reflet de l'histoire complexe de ce pays de près de 2,6 millions d'habitants majoritairement orthodoxes, dominé au fil des siècles tantôt par Bucarest tantôt par Moscou.
L'idée avait effleuré avant la guerre dans cette commune de 2.850 habitants, pour la plupart roumanophones, mais le prêtre Ioan Solonaru craignait des "querelles" sur le sujet.
L'offensive du Kremlin, "réalisée avec la bénédiction du patriarche russe Kirill", a servi de déclic, explique-t-il à l'AFP, barbe grise et yeux perçants. "Ce combat entre frères orthodoxes a révolté les gens".
L'accueil de réfugiés ukrainiens, nombreux à affluer dans le petit pays, a aussi éveillé les consciences.
Mi-août, il a officiellement franchi le pas, passant sous tutelle roumaine. Ils sont plus d'une cinquantaine dans ce cas, selon la Métropole de Bessarabie.
Dans cette ex-république soviétique qui espère désormais rejoindre l'UE, "plus rien ne nous unit à Moscou", lâche Ioan Solonaru. "Nous n'avons même pas de frontières avec la Russie!", rappelle-t-il, ne comprenant pas "la nostalgie de certains pour l'URSS" (Union soviétique, ndlr).
Dans une récente lettre, le métropolite Vladimir, à la tête de la Métropole de Moldavie liée à Moscou, s'est inquiété du départ de prêtres et de la "marginalisation" de son église "en raison de son appartenance au patriarcat de Moscou, perçu dans la société moldave comme un avant-poste du Kremlin".
Le peuple moldave aspire à se rapprocher de la Roumanie, s'alarme-t-il, demandant une solution pour "sortir de la crise".
Une réunion des plus hauts dignitaires s'est tenue dans la foulée, avec la décision de maintenir le statut actuel de l'Eglise.
"Nous ne nous sentons pas en danger", assure l'évêque Ioan de Soroca, tout en regrettant la décision de certains religieux. "Ces âmes perdues doivent revenir à la raison".
Concernant la guerre en Ukraine, il dément tout soutien. "Nous ne sommes pas main dans la main avec ceux qui promeuvent ces actions", dit-il, sans toutefois condamner nommément le patriarche Kirill.
La branche moscovite revendique environ 1.350 paroisses en Moldavie, loin devant la faction roumaine qui en compte plus de 200.
"Nous avons dû repartir de zéro après notre réactivation en 1992", dans la foulée de l'indépendance de la Moldavie, explique Constantin Olariu, porte-parole de la Métropole de Bessarabie.
"Ceux qui le veulent seront reçus à bras ouverts", ajoute-t-il, jugeant la tendance inéluctable alors que la Moldavie s'apprête à ouvrir des négociations d'adhésion à l'UE. "C'est un signal pro-européen", estime-t-il.
La présidente Maia Sandu a envoyé un message similaire.
"Comment l'Eglise russe peut-elle soutenir la guerre et le meurtre d'innocents? (...) Dans ces conditions, l'Eglise ne peut pas rester à l'écart et prétendre qu'elle ne voit pas ce qui se passe", avait-elle réagi en novembre sur la radio publique moldave.
"Toute la société doit s'unir, y compris l'Eglise", pour "la paix", sur le "chemin de l'intégration européenne".
La guerre a aussi semé la division sur la scène religieuse ukrainienne.
Jadis la plus populaire, l'Eglise liée à Moscou, en perte d'influence depuis des années, est visée par une mesure d'interdiction, selon un texte adopté en octobre par le Parlement à Kiev.
Ne reste désormais que la branche ukrainienne, déclarée indépendante du patriarcat de Moscou en 2019 après des siècles de tutelle russe.
Pour la première fois cette année, elle fêtera Noël le 25 décembre -- comme les catholiques, voire les orthodoxes roumains -- au lieu du 7 janvier, comme c'était le cas jusqu'alors, témoin de "la puissante renaissance de la nation ukrainienne".