30 Octobre 2023
Selon les Actes des Apôtres, c’est dans la ville d’Antioche que les disciples du Christ furent pour la première fois appelés « chrétiens ».
Et c’est aussi à Antioche aussi que les chrétiens fidèles à l'orthodoxie apostolique furent pour la première fois appelés «catholiques ».
C’est saint Ignace, un évêque d’Antioche qui connut personnellement les Apôtres, qui le premier, appela « katholikos » les chrétiens orthodoxes, ce qui signifie « universel » ou plutôt "conforme à la Foi Droite (Orthodoxe ) reçue et professée partout et par tous" Cf St Vincent de Lérins) .
Par conséquent, l’utilisation du terme de catholique en référence aux chrétiens remonte à l’époque des apôtres et de la première communauté chrétienne et ne saurait se limiter à l'usage d'une seule partie de l'Eglise du Christ, en l'occurrence l'Eglise Romaine-catholique à l'exclusion des Églises Orthodoxes puisqu'aussi bien l'orthodoxie de la Foi professée et des rites Sacramentels ( Canaux ordinaires de la communication de la Grâce du Saint Esprit) conditionnement la réelle appartenance de chaque Église cette unique Église du Christ qui est, selon les termes du Credo, "Une, Sainte, Catholique et Apostolique" .
Père Brune
CATHOLIQUE ET CATHOLICITE
Ces deux mots, conjoints et choisis par l’Eglise primitive, ont connu trois périodes différentes.
Aux premiers siècles, à l’époque dite des « Pères », Catholique est choisi comme critère de la Vérité, riche, éclatant. Objet de la foi (Credo de Nicée en 313), il exprime la qualité de la doctrine de l’Eglise :
Lieu où chaque membre, chaque église grande ou petite, désignée par l’élection divine reçoit la même valeur (plénitude) que l’Eglise tout-entière.
Peu à peu, cependant, ce terme tombe en décadence. Le schisme entre Rome et l’Orthodoxie (Eglises à l’orient de l’empire), les luttes religieuses de la Réforme (16ème siècle et suite), font de lui un terme qui désigne l’universalité géographique de l’administration romaine.
Cependant ce mot, Catholique, est retrouvé par la pensée russo-orthodoxe qui dégage son âme. En russe, on dit « Sobornost ».
Repris alors par une pléïade de théologiens et de philisophes, accepté par le peuple, béni par la hiérarchie, « CATHOLICITE » resplendit à nouveau. Enrichi par l’expérience, il aide les êtres à goûter à la totalité spatiale de l’Eglise.
Au XX ème siècle, il déborde les frontières de l’orthodoxie (les églises héritières de l’ancien empire romain d’Orient) et gagne du terrain chez les penseurs et théologiens occidentaux, et dans les mouvements du monde protestant et romain.
Les grandes questions comme : Culture et Eglise, Race et Eglise, Tradition et vie, sont résolues d’un coup par le mot Catholicité.
Lié à l’Eglise par le Concile de Nicée, le terme Catholique est antisectaire. Il ouvre à tout lieu de l’Univers où est semée la parole de l’Evangile, la capacité de former et de rassembler, selon le genre de ce lieu, une église Vraie et Libre.
Ajoutez ceci : à notre époque, toute église dite orthodoxe (il y en a 17 au début du 21ème siècle) est mieux désignée et connue par ce nom vivifiant, « Catholique » que par le terme Orthodoxe qui, on va le voir, s’applique à la foi et non à l’Ecclesia.
L’adjectif catholique vient du latin ecclésiastique catholicus, qui reprend le grec katholikos, καθολικός « général, universel ».
Cet adjectif est dérivé de l’adverbe katholon, καθόλου, « d’ensemble, en général », formé sur holos, ὅλος, « qui forme un tout, entier, tout entier ».
Église catholique correspond au grec katholike ekklesia, καθολικὴ ἐκκλησία, « église universelle ». Ekklesia veut dire assemblée en grec, mais a été employé dans le Nouveau Testament, par exemple dans l’Évangile de Matthieu (16,18) au sens d’« assemblée des fidèles » : καγὼ δέ σοι λέγω ὅτι σὺ εἶ Πέτρος καὶ ἐπὶ ταύτῃ τῇ πέτρᾳ οἰκοδομήσω μου τὴν ἐκκλησίαν καὶ πύλαι ᾅδου οὐ κατισχύσουσιν αὐτῆς ⇔
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la Puissance de la mort n’aura pas de force contre elle (Traduction œcuménique de la Bible). Cet usage de ekklesia pour « assemblée » n’est pas une innovation du Nouveau Testament : il est repris de la Septante, la traduction alexandrine de l’Ancien Testament en grec, qui l’emploie pour traduit l’hébreu qahal קהל, « assemblée, congrégation ». Ce même mot est parfois traduction par synagogue.
Le premier emploi connu du syntagme Église catholique, au sens d’universel, se trouverait dans la Lettre aux Smyrniotes d’Ignace d’Antioche (vers 110 ap. J.-C.) :
Ὅπου ἂν φανῇ ὁ ἐπίσκοπος, ἐκεῖ τὸ πλῆθος ἤτω, ὥσπερ ὅπου ἂν ῇ Ἰησοῦς Χριστός, ἐκεῖ ἡ Καθολικὴ Ἐκκλησία.
Partout où paraît l’évêque, que là aussi soit la communauté, de même que partout où est le Christ-Jésus, là est l’Église catholique.
(Traduction publiée sur patristique.org)
On la trouve en outre dans les Stromates de Clément d’Alexandrie (∼ 150 – 215), qui affirme fortement l’unité de l’Église, qui va avec son universalité :
Catholicité: l’accord parfait entre l’unité et la diversité
Le grand théologien Vladimir Lossky (1903-1958) écrit dans son livre « À l'image et à la ressemblance de Dieu » que la « Catholicité », troisième attribut de l'Église selon le Credo de Nicée-Constantinople, ne renvoie ni à l'« universalité » ni à l'« œcuménicité » mais au mode de vie même de la Sainte Trinité.
C'est le subtil équilibre entre l'unité dans le Corps du Christ et la diversité offerte par le Saint-Esprit lors de la Pentecôte : La catholicité est un lien rattachant l’Église à Dieu qui se révèle à elle comme Trinité, en lui conférant le mode d’existence propre à l’unité-diversité divine, un ordre de vie “à l’image de la Trinité”.
Père Nicolas Kisselhoff