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Patriarcat d'Antioche et de Jerusalem

Agafia Lykova, l’ermite des vieux-croyants de la taïga

Vivant depuis sa naissance dans l’isolement total au cœur de la Sibérie, cette septuagénaire appartient aux « beguny », l’un des groupes les plus traditionalistes de vieux-croyants orthodoxes.

Elle parle comme elle chante ses psaumes. Ermite religieuse, recluse de la vie moderne, Agafia Lykova vit pleinement sa solitude depuis… soixante-dix-sept ans. « Non, jamais je ne partirai d’ici ! », insiste de sa voix douce cette babouchka qui, née en pleine taïga, n’a jamais quitté son rocher de terre bordé d’une rivière prise par la glace pendant les longs mois d’hiver par – 40 °C. La première ville digne de ce nom, Abakan, en pleine Sibérie russe, est à trois heures d’hélicoptère.

Fidèle de la branche des « vieux-croyants » de l’orthodoxie, issue d’une famille qui avait échappé aux répressions communistes, elle mène une vie de paysanne pieuserythmée par ses activités quotidiennes : rassembler des branchages, nourrir les animaux, couper le bois, raviver le feu, pétrir la pâte, préparer le pain. Puis retourner aux prières. « Il n’y a qu’une religion, c’est même effrayant de penser qu’il peut en exister d’autres », explique-t-elle lors d’une discussion tard le soir. Le visage, couvert de rides, est calme, la voix apaisée, le regard clair.

1,5 million de « vieux-croyants »

Rencontrée dans sa modeste maison de bois fin novembre dans la forêt des monts Saïan, surréel refuge dans un décor de neige et glace, cette femme parle peu. Célèbre en Russie mais sans pour autant être devenue une autorité religieuse, elle pourrait devenir un jour une sainte, effigie d’un univers culturel qui pourtant n’existe plus qu’à l’état de traces et qui pourrait bien disparaître avec elle.

La babouchka ne répond qu’aux questions qu’elle aime et donne peu de détails sur son mode de vie et les strictes limitations imposées par sa religion. Agafia Lykova ne boit que de l’eau bouillie. Elle ne mange que de la viande lavée à la rivière pendant plusieurs jours, vidée ainsi de tout reste de sang et donc de réminiscence de ce qui évoquerait l’esprit. Elle ne se lave jamais au savon et ses mains sont devenues noires et épaisses avec le temps. « Ici j’ai mon mode de vie. J’ai besoin seulement de prières », assure-t-elle.

Ses larges sourires illuminent à eux seuls sa parole, rare et toujours plongée dans l’histoire, celle de sa famille. Inlassablement, Agafia raconte le récit des Lykov, sa famille de vieux-croyants qui, dans les années 1930, a fui les persécutions communistes particulièrement cruelles contre la foi. Plus de trois siècles après l’historique scission dans l’église orthodoxe russe – le schisme de 1666 –, les vieux-croyants défendent encore aujourd’hui leurs droits et héritage malgré leur éclatement en une multitude de croyances. Avant la révolution bolchevique de 1917, ils représentaient encore 20 % de la population russe. Aujourd’hui ces groupes traditionalistes ne comptent plus que pour 1 %, soit moins de 1,5 million de personnes.

Une babouchka soutenue par un milliardaire

Depuis qu’en 1978, des géologuessoviétiques ont découvert son refuge en survolant la région,Agafia Lykova ne vit plus tout à fait déconnectée. Ces dernières années, son isolement géographique et spirituel est rythmé par les occasionnelles visites en hélicoptère de diacres et volontaires venant apporter aides et vivres. Parmi ces soutiens : le parc naturel qui protège cette région mais aussi la fondation Volnoïe Delo d’Oleg Deripaska. Le milliardaire et magnat de l’aluminium, propriétaire d’immenses usines dans la plaine voisine (à 300 km de là…), a financé plusieurs expéditions et, cette année, la construction d’une nouvelle maison pour l’ermite. Une isba simple et belle en pin clair bâtie loin de là puis, démontée, transportée en une quarantaine de voyages le long de la rivière et finalement plantée à côté des vieilles huttes paternelles. Un confort nouveau, simple et modeste.

« Étonnamment, Agafia préfère prier et dormir dans ses vieilles maisons. L’habitude… », témoigne l’un de ses visiteurs réguliers. « Elle sait qu’ici la taïga est reine mais elle ne craint rien, ou alors seulement les ours ! » Deux semaines avant notre visite, un mâle affamé avant l’hibernation s’est aventuré vers le domaine d’Agafia. Elle a craint pour ce qui, outre ses vieux recueils de prières noircis par les années, est le plus précieux dans la vie : ses chèvres. La babouchka a dormi quatre jours auprès d’elles. « Il faut les protéger !J’espère que je pourrai vivre jusqu’à 80 ans », sourit-elle. « Après ça, je veux aller au paradis — mon prochain arrêt… »

Entrer dans la vie d’Agafia Lykova, c’est ainsi effleurer les pages d’un extraordinaire conte où se mêlent forêt de fiers sapins, décor vallonné de neige immaculée, ciel bleu éclatant puis une nuit noire nappée d’étoiles étincelantes, silence interrompu par le chant d’oiseaux ou l’aboiement d’un chien. Et cette isba en bois entourée de huttes et cabanes d’où surgit une frêle silhouette, l’esprit en prières.

Son inspiration - Fidèle au choix de son père

« Pourquoi partir ? Mon père m’a dit de rester ici. Je reste… » Agafia Lykova est resté fidèle à la décision de son père, Karp Lykov. C’est lui qui, en 1936, décida d’abandonner la vie civilisée pour se réfugier dans ce coin de Sibérie afin de protéger « sa » version de la religion. Il emmena toute sa famille. Pour éviter les liaisons consanguines, les frères sont partis vivre plus loin, toujours dans l’isolement religieux. La fille est restée avec son père et n’a pas eu d’enfant. Depuis 1988, elle est la dernière en vie de sa famille. Aujourd’hui, la tombe paternelle et sa simple croix émergent de la neige, juste à côté de la niche du chien et des cabanes des chèvres. Régulièrement, Agafia s’y recueille avant d’aller nourrir ses animaux.

Benjamin Quénelle, correspondant de La Croix

Par Le journaliste du Siberian Times
11 mars 2021
L’ermite le plus célèbre du monde montre sa nouvelle cabane en bois du milliardaire Oleg Deripaska.

La nuit dernière, Agafya, âgée de 76 ans, quittait la maison de son père, construite il y a 80 ans lorsque ses parents ont fui la répression soviétique et sont arrivés dans la taïga sibérienne après avoir fui la persécution religieuse de l’ère stalinienne.

Pendant la majeure partie de sa vie, Afafya a vécu beaucoup comme une paysanne du 18ème siècle, avec peu de confort moderne, guidée par une Bible ancienne et peu de contact avec le monde extérieur.

La construction de la nouvelle maison d’Agafya - une simple cabane d’un étage, comme elle l’avait demandé - a commencé en décembre 2020, quelques jours après qu’elle ait demandé de l’aide à l’homme d’affaires Oleg Deripaska.

La nouvelle maison a été achevée il y a plusieurs jours et offre plus de confort et de chaleur que la cabane délabrée construite par son père.

Hier, il a été béni par des prêtres de l’église orthodoxe russe vieux-croyants, qui ont volé spécialement pour voir Agafya de Moscou.

Agafya photographiée au début des années 1980, avec son père Karp (à gauche) et le professeur de Krasnoïarsk Igor Nazarov (à droite), et âgée de 72 ans. Photos : Igor Nazarov, Nikolay Proletsky

« La nouvelle maison est solide, avec une véranda chaleureuse et beaucoup de lumière naturelle qui passe par ses quatre fenêtres.

Agafya a reçu une icône du métropolite de Moscou et de toute la Russie, Korniliy, et était reconnaissante d’avoir eu la chance d’avoir une conversation en tête-à-tête avec lui. Elle a aimé la nouvelle maison, et pour remercier tous ceux qui ont aidé à la construire, elle a fait cuire du pain et l’a servi avec des boissons faites maison », a déclaré le directeur de la réserve naturelle de Khakassky, Viktor Nepomnyashchiy.

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La maison a dû être assemblée dans la ville d’Abakan, en Khakassie, avec des rondins numérotés puis démantelés pour raccourcir le temps de construction.

La zone de la recluse se trouve dans une partie éloignée et difficilement accessible des montagnes Sayan, il était donc plus facile d’apporter la maison pièce par pièce plutôt que de livrer des matériaux de construction. Au moins 18 expéditions d’hydroglisseurs ont été effectuées pour livrer la nouvelle maison.

 

 

L’ermite Agafya Lykova devant sa nouvelle maison avec des prêtres vieux-croyants orthodoxes russes et l'évêque Corneille. Photos : Viktor Nepomnyashchiy


Agafya Lykova est la dernière survivante d’une famille de vieux-croyants orthodoxes qui, en 1936, ont fui dans la forêt pour échapper à la persécution religieuse de la Russie de Staline.

Ils ont été découverts des dizaines d’années plus tard, en 1978, après avoir été repérés depuis les airs par un groupe de géologues sur un flanc de montagne isolé près de la rivière Erinat dans la chaîne d’Abakan, au sud-ouest de la Sibérie.

Quand ils ont été retrouvés, ils n’avaient aucune idée que la Seconde Guerre mondiale avait commencé - ou pris fin.

Agafya était le quatrième enfant de Karp et Akulina Lykov, et pendant les 35 premières années de sa vie, elle n’a eu aucun contact avec qui que ce soit en dehors de sa famille.

Sa mère est décédée en 1961, son père est décédé en 1988.

Où et comment vit maintenant Agafya Lykova? Biographie d'un ermite sibérien

Selon les idées générales, il y a deux types d'ermites classiques: Robinson Crusoe, qui est arrivé à l'île inhabitée à la suite d'un naufrage, et les gens qui sont devenus des ermites de le...

https://fr.taylrrenee.com/novosti-i-obschestvo/79723-gde-i-kak-seychas-zhivet-agafya-lykova-biografiya-sibirskoy-otshelnicy.html

Ermites dans la taïga - Wikipédia

Ermites dans la taïga Pays Union soviétique Genre Récit documentaire Version originale Titre Таёжный тупик Éditeur Journal Комсомольской правды Version française...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ermites_dans_la_ta%C3%AFga

 
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