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Patriarcat d'Antioche et de Jerusalem

Eglise russe et COE

Le Vatican salue le maintien du dialogue
Le Conseil œcuménique des Eglises (COE), basé à Genève, a refusé le 17 juin 2022 d’exclure l’Eglise orthodoxe russe. Le représentant du Vatican au COE, le Père Andrzej Choromanski, salue cette décision, estimant qu’il faut absolument poursuivre le dialogue.

Raphael Rauch, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

L’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS) n’a pas été suivie. L’instance protestante, qui siège au comité central du COE, avait déposé une motion demandant «d’examiner la suspension, voire l’exclusion, de l’Église orthodoxe russe du COE», en rapport au refus de ses autorités de condamner l’agression en Ukraine. Mais le comité central de la coalition d’Eglises, réuni le 17 juin à Genève, s’est clairement prononcé en faveur de la poursuite du dialogue avec Moscou et de l’absence de sanctions contre l’Eglise orthodoxe russe.

Le Père Andrzej Choromanski a participé à cette réunion en tant qu’observateur pour le Vatican, alors que l’Eglise catholique romaine ne fait pas partie du COE. Il donne ses réflexions.

Le Père Andrzej Choromanski représente le Vatican au Conseil oecuménique des Eglises (COE) | © COE

Comment jugez-vous la décision du COE de ne pas sanctionner l’Eglise russe?
Andrzej Choromanski: Mon interprétation de la discussion de Genève a été la suivante: «Nous devons absolument poursuivre le dialogue. Pour cela, nous avons besoin de l’Eglise orthodoxe russe à la table du dialogue œcuménique. L’exclusion ou la suspension de son statut de membre n’est pas une option». En tant qu’observateur au COE, je salue cette décision.

De quelle sorte ont-été les justifications de l’Eglise orthodoxe russe, à Genève? A-t-elle, à l’instar du patriarche de Moscou Cyrille, légitimé la guerre? L’a-t-elle ramenée au plan métaphysique?
Le commentaire des délégués russe a été bref. Ils ont appelé à analyser de meilleure façon l’affirmation de certains journalistes selon laquelle Moscou justifiait théologiquement le conflit. Ils ont estimé que parfois, les jugements des journalistes étaient trop unilatéraux ou simplistes. Pour moi, il est clair qu’un chrétien ne peut justifier théologiquement cette guerre. La seule chose que nous puissions justifier, c’est qu’un peuple s’oppose à une guerre d’agression.

En tant que Polonais, en quoi le conflit vous touche-t-il particulièrement?
Je suis reconnaissant que mon pays d’origine en fasse autant pour les personnes qui arrivent en Pologne en provenance d’Ukraine. Des millions de personnes sont en fuite et cherchent à se mettre à l’abri avec leurs familles.

 

Bien sûr, cela réveille aussi des souvenirs du passé – notamment de ce qui s’est produit pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est tout simplement terrible: comme à cette époque, des personnes doivent quitter leur pays. Des femmes et des enfants ont peur de ne plus revoir leurs maris ou leurs pères.

Le pape François a annoncé vouloir rencontrer le patriarche Cyrille au Kazakhstan en septembre. En revanche, François a annulé une rencontre en juin à Jérusalem. Qu’est-ce qui a changé?
Je ne sais de cette affaire que ce qu’en disent les médias. La coordination de ces rencontres relève de la compétence de la Secrétairerie d’État. La rencontre au Kazakhstan est un souhait du Saint-Père. Mais elle n’a pas encore été annoncée officiellement par le Saint-Siège.

Le pape François et le patriarche de Moscou Cyrille Ier se sont parlé par visioconférence peu après le début du conflit en Ukraine | © Vatican Media

Comment éviter que Cyrille n’instrumentalise une telle rencontre? Des images montrant une accolade entre Cyrille et François pourraient envoyer un mauvais signal…
Le pape François fait tout pour contribuer à la résolution du conflit. Si une rencontre avec Cyrille sert à promouvoir la paix et à sauver des vies humaines, on ne peut que s’en réjouir.«Jésus veut que nous, les chrétiens, soyons un.»

Regrettez-vous que le dialogue œcuménique avec Moscou ne porte justement que sur des questions géopolitiques litigieuses – et non sur des questions théologiques?
Ce n’est pas la perception que j’en ai. Nous nous rencontrons ici à Genève en tant que chrétiens et chrétiennes et nous parlons dans le langage de notre foi, de la théologie. Bien sûr, il s’agit aussi de thèmes d’actualité. Mais là aussi nous adoptons une perspective théologique. Nous ne parlons pas le langage de la politique.

Mais François a lui-même mis en garde le patriarche Cyrille, lors de son entretien en visioconférence, contre le fait de «parler comme un clerc d’Etat» et de devenir le porte-voix de Poutine.
Cela montre à quel point il est important que nous adoptions une perspective théologique. Le Saint-Père a été clair: «Nous ne sommes tout de même pas le clergé de l’Etat, mais nous sommes les pasteurs du peuple et n’avons donc pas d’autre message que celui de mettre fin à cette guerre». C’est le message de paix de l’Évangile, ce n’est pas de la politique. Le Saint-Père parle en tant que berger, pas en tant qu’homme d’État. Et c’est ainsi que je vois le mouvement œcuménique.

Le COE se réunit en août à Karlsruhe (Allemagne). Que signifie cette rencontre du point de vue catholique?
L’Église catholique envoie depuis 1961 une délégation officielle aux assemblées plénières du COE. Pour Karlsruhe, il est prévu que 20 représentants fassent partie de la délégation. Elle est dirigée par le cardinal Koch et se compose de lui-même, d’évêques, de prêtres et de laïcs du monde entier. C’est une délégation diversifiée et représentative de l’Église catholique mondiale.

 

Et quel sera le message pour Karlsruhe?
Nous faisons tous partie du mouvement œcuménique. Il n’y a pas différents mouvements œcuméniques – un au Vatican, un au COE, un ailleurs. Nous faisons, au contraire, tous partie d’un ensemble. Jésus veut que nous, les chrétiens, soyons un. C’est pour cela que nous travaillons. Et c’est dans cette direction qu’ira certainement le message du Saint-Père que nous apporterons à Karlsruhe.

Que pensez-vous de la «Déclaration d’unité» adoptée par le COE à Genève?
Ce «Statement of Unity» souligne l’unité visible de tous les chrétiens et chrétiennes. Cette unité est l’objectif principal du mouvement œcuménique. Mais il s’agit aussi d’agir ici et maintenant. Il y a de nombreux conflits dans le monde – pas seulement en Ukraine: des conflits militaires, des situations d’urgence humanitaire, les défis liés au changement climatique. Tous ces aspects sont abordés dans la «Déclaration d’unité». Je pense que c’est un message positif. (cath.ch/rr/kath/rz)

Source : https://parlonsorthodoxie.wordpress.com/2022/06/21/eglise-russe-et-coe-le-vatican-salue-le-maintien-du-dialogue 

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