3 Mars 2024
EGLISE ORTHODOXE OCCIDENTALE
Selon une idée communément reçue, l’Orthodoxie serait une pratique rituelle spécifique à la Russie et aux pays slaves ainsi qu’à la Grèce, et qui ressortirait d’une sorte de folklore religieux est-européen. Cette vue est en très grande partie inexacte. L’Orthodoxie est une manière de croire et de vivre le christianisme aussi actuelle, en dépit de son incontestable antiquité, que le catholicisme et le protestantisme, et qui attire en nombre croissant des hommes et des femmes en Occident, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. C’est ce que montreront les éléments statistiques qui suivent, et qui sont les derniers dont nous disposions.
Plutôt que des statistiques, ce sont en réalité des estimations dont la valeur absolue peut être remise en question, mais qui donnent des ordres de grandeur, et ce sont ces derniers qu’il faut retenir.
A l’époque où elles ont été fournies, le patriarcat de Constantinople revendiquait 7 millions de fidèles ; le patriarcat d’Alexandrie, 350 000 ; le patriarcat d’Antioche, 1,5 million ; le patriarcat de Jérusalem, 156 000 ; le patriarcat de Moscou, 160 millions (dont au moins 30 millions à travers le monde). Pour poursuivre avec les pays non membres de l’Union européenne, il faut citer : la Géorgie avec 3 millions de fidèles ; la Serbie, 8 millions ; l’Albanie, 700 000 ; la Suisse, 130 000.
En ce qui concerne l’Europe des 27, voici les estimations : Roumanie, 20 millions de fidèles ; Bulgarie, 8 millions ; Chypre, 500 000 ; Grèce, 10 millions ; Pologne, 1 million ; Tchéquie & Slovaquie, 24 000 ; Allemagne, 800 000 ; Royaume-Uni, 350 000 ; Autriche, 150 000 ; Belgique, 40 000 ; Italie, 250 000 ; Espagne, 20 000 ; Suède, 100 000 ; Pays-Bas, 10 000 ; et enfin France, 450 000.
D’où un total d’environ de plus de 50 millions dans la seule Union européenne. Il convient en outre de se souvenir que ces estimations statistiques sont vieilles de sept ans, et que les chiffres ont très certainement progressé dans l’intervalle.
Autre erreur à ne pas commettre : la présence croissante de nombreux Orthodoxes en Europe occidentale n’est pas seulement due à l’émigration des nationaux des pays de l’Est, qui joue assurément un rôle non négligeable. Elle est due aussi, presque pour moitié, à l’entrée dans l’Orthodoxie de chrétiens d’origine catholique romaine ou protestante, mais aussi de juifs, de musulmans et d’athées.
Tel est le panorama d’ensemble dans lequel se situe l’EGLISE ORTHODOXE D’EUROPE.
Comme on verra, elle ne résulte pas de l’importation et de l’implantation dans un passé récent de réalités étrangères aux coutumes ancestrales de notre pays, et qui le demeurent. Ces réalités se sont incarnées dans les Eglises orthodoxes d’émigration, lesquelles ont leur pleine justification pour les étrangers qui aspirent à conserver leurs coutumes propres.
L’Eglise Orthodoxe d’Europe, au contraire, est une « production du terroir », un fruit longuement mûri durant le cours des âges. Elle a bénéficié exactement des mêmes influences qui, dans la richesse de leur variété, ont constitué l’âme de notre peuple, et elle les a appliquées au service divin. Elle est, par excellence, autochtone.
Extraits du Décret du métropolite Serge de Moscou (16 juin 1936)
« A Son Eminence Eleuthère, métropolite de Vilno et de la Lithuanie, exarque de l'Eglise russe en Europe occidentale,
« Ayant lu le rapport de la Confrérie Saint Photius (Paris) du 9/22 avril 1936, [suivent l'historique des demandes de Mgr Winnaert et les considérants]
« On a décidé :« De reconnaître la possibilité de la réception de Mgr Winnaert et de sa communauté dans l'unité de la Sainte Eglise Orthodoxe aux conditions suivantes : [...]
« 3. La communauté devra suivre fidèlement l'enseignement de l'Eglise orthodoxe [...]
« 4. Dans ses offices, ainsi qu'en général dans tout le caractère extérieur du culte, la communauté pourra conserver le rite occidental qu'elle pratique ; toutefois, les textes devront être expurgés au fur et à mesure des expressions et pensées qui seraient inadmissibles pour l’orthodoxie.
« 5. La communauté adoptera dans son calendrier tous les saints canonisés par l'Eglise d'Orient, et surtout gardera ceux d'entre les saints occidentaux qui ont été canonisés avant la séparation de Rome de l'Eglise orthodoxe. [...]
« 9. Les paroisses réunies à l'Eglise orthodoxe, se servant du rite occidental, seront désignées comme EGLISE ORTHODOXE OCCIDENTALE [...] »